Next Einstein Forum: Pourriez-vous nous expliquer brièvement pourquoi avez-vous choisi d’embrasser une carrière dans le domaine de la médecine? Une personne vous aurait-elle inspirée à suivre cette voie?
Assia Mohamed Aden: Fille aînée d’un médecin, j’ai grandi à travers le prisme de la médecine. Depuis mon plus jeune âge, cette science pour laquelle je me suis prise de passion, attise ma curiosité. Complexe et en innovation perpétuelle du fait de son évolution, elle est humaine et charitable.
Quel est le rôle que vous jouez aujourd’hui dans la lutte contre le Covid-19 au Djibouti?
A.M.A.: Prise au fait, nous avons dû nous adapter aux conséquences de la crise sanitaire très rapidement. En effet, nous avons tout de suite tout mis en œuvre pour limiter la propagation de l’épidémie dans notre pays. Nous avons mis en place des campagnes de prévention, mais aussi des méthodes curatives diverses et variées pour les premiers cas avérés.
Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez dans le cadre de cette pandémie et comment les surmonter vous?
A.M.A.: Le premier défi pour nous a été de permettre une prise de conscience collective pour que les mesures mises en place, telle que le port du masque, le lavage régulier des mains, la distanciation sociale, l’arrêt de toutes les activités et le confinement soient respectés. Dès l’annonce des premières mesures, une psychose est née et il a fallu la canaliser en expliquant la gravité du Covid-19 afin de responsabiliser chacun de nous.
Contrairement à beaucoup d’autres fonctions, le personnel médical est plus exposé au Coronavirus. À quel point et de quelle manière réduisez-vous le risque de contamination?
A.M.A.: En effet, nous sommes très exposés au virus car nous sommes sur les fronts mais notre devoir en qualité de médecin requiert un certain nombre d’obligations, notamment la protection de la population. Néanmoins, nous avons les équipements nécessaires pour assurer notre protection physique et nous appliquons les mesures d’hygiène établies afin de réduire le risque de contamination.
Trouvez-vous que le travail exceptionnel fournit par le personnel médical et soignant dans le contexte actuel est assez valorisé sur le continent?
A.M.A.: À l’échelle du continent, je ne sais pas ce qu’il en est car cela diffère d’un pays à un autre. Mais en ce qui concerne Djibouti, je conçois que oui, car la valorisation c’est la reconnaissance pour le travail accompli couplée à l’attribution d’une prime exceptionnelle aux soignants mobilisés depuis le début de l’épidémie.
Selon diverses évaluations, l’Afrique subsaharienne compte seulement un médecin pour dix mille habitants, contre 37 en Europe, par exemple. Comment inciter plus de jeunes africains à se lancer dans une carrière liée à la science et à la médecine pour changer la donne mentionnée ci-dessus?
A.M.A.: On pourrait éventuellement organiser des journées portes ouvertes pour présenter les métiers de la santé ou des campagnes de sensibilisation pour inciter les jeunes bacheliers à se diriger vers ces métiers. Ainsi, nous pourrions également démontrer la diversité des possibilités de carrière dans la santé et la variété des modes d’exercices (hospitalier, libéral, mixtes…).